Le terme « écrivain francophone » est problématique, car il renvoie à la base à des repères politiques. La notion de « francophonie » réfère dans son acceptation la plus large à l’ensemble des pays qui ont en usage la langue française, mais l’espace de ce qu’on appelle la « Francophonie littéraire » ne couvre pas exactement le même champ d’extension.
Michel Beniamino souligne que « la complexité de l’objet de l’analyse fait que cette notion d’espace francophone est problématique ou sous-estimée puisque aussi bien les théories postcoloniales que l’apparition de « nouvelles » littératures (littérature migrante, beur, etc.), ou que les migrations et les phénomènes de transculturalité semblent toujours devoir déjouer les ensembles littéraires constitués par la critique. Voir « Francophonie » de Michel Beniamino, in Michel Beniamino, Lise Gauvin, éds., 2005, Vocabulaire des études francophones.
Les concepts de base, Limoges, PULIM, coll. « Francophonies », p. 82-86. Jean-Louis Joubert rappelle que le problème de la classification de ces littératures de langue(s) française(s) se pose plus largement déjà dans le contexte européen.
Il n’est pas évident de recourir à ce modèle de « Francophonie littéraire » pour caractériser l’œuvre de Charles Ferdinand Ramuz, Samuel Beckett, Tristan Tzara ou Milan Kundera. Dans Les voleurs de langue.
Traversée de la francophonie littéraire, Jean-Louis Joubert emploie cette métaphore, ou cette formule ironique, de « voleurs de langue » pour désigner l’ensemble des auteurs qui ont osé l’aventure d’une existence doublement étrangère (en tant qu’écrivains et en tant qu’écrivains francophones) et semblent ainsi être récompensés par le pouvoir « de dire l’indicible dans la langue d’origine ». Voir Jean-Louis Joubert, 2006 : Les voleurs de langue.
Traversée de la francophonie littéraire, Paris, ditions Philippe Rey, 132 p. Dans L’écrivain francophone à la croisée des langues, Lise Gauvin évoque les complexités d’interaction qui existent entre langues et littératures, et rappelle que déjà Victor Segalen revendiquait « l’esthétique du divers » et propose de substituer le terme « littérature mineures » de Gilles Deleuze par « littératures de l’intranquillité » de Fernando Pessoa.
Dans le contexte de notre recherche, il est aussi utile de rappeler le concept d’Edouard Glissant « la littérature-monde » où l’écrivain tient compte des autres langues dans le monde et l’écriture contemporaine n’est plus monolingue. Le concept de la « Francophonie littéraire » ne cesse d’être étudié et alimenté par des débats universitaires.
De nouvelles publications voient le jour. 1 Qu’est-ce qu’un « écrivain francophone » ? 2 La littérature dite « francophone » Liste de lecture (titres indispensables) 3 Les enjeux et le choix de la langue 4 La littérature antillaise - le roman antillais 5 Patrick Chamoiseau et l’imaginaire de l’esclavage 6 Extraits - Chronique des sept misères (1986) ; Veilles et 7 Merveilles créoles (2013) 8 La création verbale en français 9 GLISSANT ET KUNDERA (sur Chamoiseau)