Les romanciers subsahariens d'expression française, dont la production est considérée et comprise comme anticoloniale, enlacent souvent leurs œuvres dans un réseau complexe des sous-genres du roman, en problématisant leur division et définition. Nous parlons principalement des définitions du Bildungsroman, du roman a clé, de l'autofiction et du roman autobiographique (dans quelques cas même de l'autobiographie).
Ils occultent volontairement les frontières des sous-genres du roman pour manipuler la perception du lecteur (a travers le pacte autobiographique non-prononcé, l'effet du réel, l'image du réel, etc.). Les romans sont présentés comme les vécus des auteurs, leurs histoires personnelles (soit ils prêtent aux personnages leur nom, soit ils s'identifient aux histoires de leurs personnages).
Ils ancrent leurs diégèses dans les espaces existant (pays, ville ou village réels) et utilisent les personnages historiques (colonisateurs français). Ainsi ces auteurs expriment leur désaccord avec le système colonial, en le dénudant (au moyen de la satire ou de l'allégorie).
De plus, ils rendent l'histoire racontée plus personnelle et plus attachante, en soulignant la souffrance véritablement vécue, a laquelle ils donnent un visage bien concret (souvent le leur). Mais, en situant les histoires dans des colonies françaises en Afrique, les lecteurs européens (soulignons, que ces romans ont été tous publiés en France) arrivent dans quelques cas difficilement a s'identifier avec les personnages principaux, perturbant ainsi la relation indispensable entre l'œuvre et son lecteur.